Après plusieurs mois de suspension suite à la situation socio-politique du pays, le gouvernement renoue le dialogue avec les Partenaires Techniques et Financiers. La rencontre Gouvernement-PTF est un cadre permanent de concertation entre le Gouvernement du Burkina Faso et les PTF. C’est un cadre de dialogue politique de haut niveau qui permet aux deux parties d’échanger sur des questions d’intérêts communs de politique et de développement.
A l’entame de cette rencontre, le chef du gouvernement, Me Apollinaire Jaochimson KEYLEM de Tambela a souhaité une coopération sincère qui tiennent compte des priorités du gouvernement burkinabè et des aspirations du peuple. Il a déploré l’insuffisance de résultats de l’Aide publique au développement (APD) au Burkina Faso malgré son volume important.
Le Président de la Troïka, Dr. Bernd Von MÜNCHOW-POHL, quant à lui, s’est réjoui de la tenue de ce cadre d’échanges, la première depuis septembre 2022. Tout en rappelant le rôle de la Troika des PTF, il a formulé le souhait que cette rencontre permette d’examiner les préoccupations urgentes.
A cette première rencontre de l’année 2024, sept (07) points d’intérêt étaient inscrits à l’ordre du jour. Il s’agit notamment :
- Situation sécuritaire et accès humanitaire ;
- Cohésion sociale, réconciliation nationale, droits humains et genre ;
- Feuille de route de la Transition ; (iv)Retrait du Burkina Faso de la CEDEAO ;
- Longs délais pour l’obtention des Avis de non- objection (ANO) dans la mise en œuvre des Projets et Programmes de Développement (PPD) ;
- Faible prévisibilité des financements des PTF ne permettant pas une programmation pluriannuelle des activités ;
- Non prise en compte du volet « sécurité » dans la conception des
De la situation sécuritaire, économique et humanitaire au Burkina Faso, les ministres de tutelle ont dressé le point de la situation. Sur le plan sécuritaire, des renforcements organisationnels et opérationnels ont permis au 31 janvier 2024, la réinstallation de 242 villages et 65 584 ménages. Malgré la situation difficile, l’économie reste résiliente avec un taux de croissance de 3,6% en fin 2023 contre 1,8% en fin 2022. La mise en œuvre de la politique budgétaire a permis de ramener le taux d’inflation à 0,7% en 2023 contre 14, 1% en fin 2022. Sur le plan humanitaire, la ministre en charge des questions humanitaires a fait état des actions menées par le Gouvernement pour la prise en charge des PDI et des victimes de l’insécurité. On note également l’élaboration des documents de planification (Plan de réponse humanitaire 2024 et de la Stratégie nationale de relèvement des personnes déplacées internes et des communautés d’accueil (SNR-PDICA) 2023-2027).
En ce qui concerne la cohésion sociale et la réconciliation nationale, on note la poursuite du processus de réconciliation nationale par la mise en œuvre du plan d’action intégré des trois (03) stratégies à savoir la Stratégie nationale de réconciliation, la Stratégie nationale de cohésion sociale et la Stratégie nationale de prévention de la radicalisation et de lutte contre l’extrémisme violent et aussi l’élaboration d’un programme d’activités triennal 2023-2025.
En ce qui concerne la feuille de route de la Transition, le gouvernement a indiqué que l’organisation des élections ne constitue pas une priorité du moment car conditionnée par la sécurisation du territoire national et la refondation de l’Etat.
Le Ministre en charge des affaires étrangères a fait une communication sur le retrait immédiat et irréversible du Burkina Faso de la CEDEAO. Ce retrait, dit-il, est lié à l’application des sanctions par la CEDEAO sur le Burkina Faso, le Mali et le Niger.
L’un des points d’intérêt du gouvernement a été sur les longs délais pour l’obtention des Avis de non-objection (ANO) dans la mise en œuvre des Projets et Programmes de Développement (PPD). A ce sujet, les PTF disent être disposés à renforcer la collaboration avec les structures du gouvernement en charge du suivi de la mise en œuvre des projets pour un suivi plus rapproché des dossiers en instances de traitement auprès des partenaires.
S’agissant de la préoccupation du gouvernement sur la faible prévisibilité des financements des PTF et programmation pluriannuelle des activités, les Partenaires Techniques et Financiers restent disponibles pour accompagner techniquement les structures de l’administration dans le cadre d’une gestion harmonisée des informations liées à l’aide publique au développement. Ils encouragent par ailleurs le gouvernement à mieux exploiter les données disponibles au niveau des gestionnaires du budget-programmes et les informations fournies par les PTF aux ministères sectoriels. Le gouvernement a demandé plus de flexibilité dans les procédures de mise en œuvre des projets dans le contexte de l’insécurité.
A l’issue des travaux, le chef du gouvernement, Son Excellence Me Apollinaire Jaochimson KEYLEM de Tambela, a exprimé sa satisfaction sur le déroulement de la rencontre. Il a souhaité que cette rencontre soit l’occasion d’un nouveau départ. Le gouvernement a défini trois priorités qui sont : la sécurité, la refondation de l’Etat et le développement. Il lance par conséquent un appel aux PTF d’accompagner le Burkina Faso dans le sens des priorités définies afin que l’aide puisse aboutir au développement.
