Le Burkina Faso connait depuis 2015 une crise sécuritaire avec son corolaire sur le plan humanitaire. Des vagues de déplacés internes ont été occasionnées par cette crise sécuritaire. En 2023, plus de 2 millions de personnes déplacées internes ont été recensées par le Conseil national de secours d’urgence et de réhabilitation (CONASUR). Dans un tel contexte, comment continuer à faire du développement tout en prenant en charge les questions humanitaires et de paix. L’atelier de réflexion organisé par la Troïka des partenaires techniques et financiers en collaboration avec la partie nationale s’inscrit dans le cadre de l’appropriation de l’approche Nexus Humanitaire- Développement- Paix (HDP) et l’adoption d’une démarche commune pour son intégration systématique dans les interventions des différents acteurs. Les conclusions des travaux de cet atelier devraient permettre d’alimenter les réflexions en cours pour la finalisation du Plan d’action intérimaire des Nations Unies pour le développement durable du Burkina Faso 2023-2025 (UNIDAP).
Les travaux de l’atelier sur le nexus HDP se sont déroulés en deux phases : une première qui a porté sur des présentations suivies d’échanges et une seconde phase qui a concerné des travaux de groupes. Les différentes communications ont permis de définir les concepts de base et les principes du Nexus HDP au Burkina Faso dans le cadre de Plan d’Action intérimaire des Nations Unies pour le développement durable (UNIDAP) et de dégager les leçons apprises, les défis et recommandations liés à la mise en œuvre du Nexus HDP au Burkina Faso.
Présentant la communication introductive au nom de la Task force sur le Nexus, Monsieur Wim SCHALENBOURG, Chef de Coopération de l’Ambassade de Belgique, a levé le voile sur les concepts et principes de mise en œuvre du Nexus. Il précise que le Nexus vise à renforcer la collaboration, la cohérence et la complémentarité entre les acteurs humanitaires, de développement et de paix. Cette approche est basée sur les avantages comparatifs de chacun pour répondre aux besoins immédiats, réduire les risques, adresser la vulnérabilité et s’attaquer aux causes profondes des crises, afin de réduire le nombre de personnes dépendantes de l’aide humanitaire.
A l’issue de la communication introductive, le Plan d’Action intérimaire des Nations Unies pour le développement durable (UNIDAP) 2023-2025 au Burkina Faso a été présenté par Madame Chantal LACROIX, Cheffe de bureau du Coordonnateur résident (RCO) du SNU. Elle explique que l’UNIDAP est la planification intérimaire de coopération entre l’Organisation des Nations Unies (ONU) et le Burkina Faso. Le nouveau UNIDAP est formulé en prenant en compte l’approche Nexus HDP pour relever le niveau de développement économique et social du Burkina Faso. Le processus de planification stratégique de l’UNIDAP, mis en œuvre de septembre 2022 à mai 2023, préconise de lier l’humanitaire, le développement et la paix en se basant sur une analyse pays commune qui met en évidence les défis et les opportunités dans le contexte actuel.
Le pilier humanitaire dans le Nexus a été présenté par Monsieur Soumaïla ZOROM, Secrétaire Permanent du Conseil national de secours d’urgence et de réhabilitation (SP-CONASUR). La vision du CONASUR sur le Nexus est de réduire les besoins humanitaires, les risques et les vulnérabilités. Les défis majeurs sont d’harmoniser la compréhension sur le Nexus afin de décloisonner les piliers (humanitaire, paix et développement), coordonner au sein des trois piliers, suivre et évaluer conjointement. Il explique que La réponse humanitaire du Gouvernement s’appuie sur deux outils fondamentaux que sont : le Plan de Réponse Humanitaire (HRP) 2023 et la Stratégie nationale de relèvement des personnes déplacées internes et des communautés d’accueil (SNR- PDICA 2023-2027). Il a également souligné la nécessité pour les acteurs d’avoir une flexibilité financière pour mettre en œuvre le Nexus.
Pour partager l’expérience des défis, leçons apprises et recommandations de la mise en œuvre du Nexus HDP au Burkina Faso, Monsieur Ousmane OUANDAOGO, Chargé de composante sur le Programme d’urgence pour le Sahel (PUS) à la Direction générale du développement territorial (DGDT) a présenté le cas pratique du PUS. La sécurisation des localités est l’un des défis majeurs pour permettre la poursuite ou l’achèvement de la réalisation de nombreux chantiers, la réduction des inégalités de développement entre les localités et la mise en place d’un programme d’urbanisme de crise. A cela s’ajoute le défi d’harmoniser la compréhension sur le Nexus afin de décloisonner les piliers (humanitaire, paix et développement), coordonner au sein des trois piliers, suivre et évaluer conjointement. Des clarifications importantes ont permis aux acteurs présents d’identifier quatre thématiques qui sont : Gouvernance locale et cohésion sociale ; Sécurité alimentaire ; Accès aux services sociaux de base et Protection sociale
Poursuivant la réflexion, les participants ont déterminé pour chaque thématique, le résultat escompté, les acteurs de mise en œuvre et les mécanismes de coordination. L’Etat reste le lead dans la conduite du processus d’opérationnalisation de l’approche Nexus et tous les acteurs sont invités à s’y engager pleinement. La clôture de l’atelier s’est faite sur des perspectives de voir se poursuivre les échanges avec la finalisation de l’UNIDAP pour aller concrètement à la mise en œuvre des solutions proposées en lien avec le Nexus HDP.
